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Il y a des stéréotypes partout, le monde du jeu ne fait pas exception.
Nous avons initié une série d’articles de ludification qui s’intéressent aux similitudes entre les stéréotypes de joueurs et les stéréotypes de collaborateurs.
Car s’il existe des façons et techniques d’impliquer ces types de joueurs dans les parties de jeu, ces mêmes méthodes semblent transposables dans le monde de l’entreprise pour intéresser les différents types de collaborateurs.
Nous ferons donc d’incessants vas-et-viens entre le monde du jeu et celui de l’entreprise !
Si la dernière fois, nous nous sommes intéressés aux impatients, nous nous attaquerons aujourd’hui à leurs ennemis jurés : les réfléchis.
Le joueur/collaborateur réfléchi
Euh désolé, j’hésite entre deux coups. Enfin trois plutôt. Bon attend il faut que je calcule. Où sont les règles ?
L’important, c’est de bien jouer.
Le réfléchi cherche avant tout à bien faire. Il recherche LE meilleur coup possible, et n’hésite donc pas à entrevoir les différentes solutions. On peut dire qu’il manque clairement de spontanéité. Il n’osera s’engager dans une voie que s’il est certain qu’elle porte ses fruits.
Il a pour cela besoin de bien comprendre le contexte dans lequel il se trouve, les options qui s’offrent à lui, les méthodes de scoring, etc. C’est déjà cette compréhension qui lui prend du temps ! Le réfléchi se doit de bien bien connaitre les règles du jeu, pour jouer en connaissance de cause. Interrompre la partie pour contrôler un point de règle ne le gêne absolument pas…
Enfin, il peut se retrouver complètement paralyser devant les nombreuses options qui s’offrent à lui, incapable de faire un choix. Sans doute à cause d’un manque de confiance en lui, il peut avoir peur de l’engagement et préfèrera parfois ne pas avoir à choisir. Pire encore, face à la pression, il pourrait faire le mauvais choix dans la précipitation.
En entreprise, c’est le collaborateur qui a besoin de temps pour bien cerner l’étendue d’un problème avant de se lancer dans sa résolution. Souvent discret, il propose ses idées en fin de réunion, construites autour des réflexions des autres. Il aime sans cesse resituer les choses avant d’approfondir un sujet ce qui peut nuire à l’efficacité du groupe, surtout dans un contexte d’urgence. Vous voyez le topo, ce collaborateur ne sera pas à l’aise avec les changements de priorité et les actions rapides.
Mais c’est aussi le collaborateur patient, serein et appliqué. Il est capable de mener un projet à bout en profondeur, avec une vraie fiabilité.
Du coup, il peut devenir une pointe de vos équipes si vous savez tirer bénéfices de ses forces !
Comment on le gère ?
Certains concepteurs placent un timer dans leurs jeux de société pour justement limiter la paralysie des réfléchis. Ce moyen manque clairement d’élégance, c’est un peu le degré zéro de la solution ! Efficace certes, mais tellement artificiel et sans merci. Et pire, ça peut camoufler un souci profond de game design.
Imaginez le parallèle : votre collaborateur a besoin d’une semaine pour bien cerner et comprendre un sujet, mais peu importe, vous avez décidé qu’il aura trois jours pour le terminer. Oui, c’est challengeant. Oui, poser des jalons est essentiel. Mais où est votre assurance que la tâche sera qualitative ? Vous ne l’avez pas…
Clarifiez, simplifiez, facilitez. Voila la clef.
D’un point de vue game design, un matériel de jeu lisible, des règles cohérentes et harmonisées, une transmission de l’information limpide, des mécanismes ludiques fluides et des données persistantes sont autant de voies de facilitation de la partie. Le joueur réfléchi sera concentré sur la prise de décision et non sur la compréhension du contexte.
Alors facilitez la vie de votre collaborateur ! Cadrage clair, communication directe et concernée, supports et outils de qualité, feedbacks fréquents et sanctuarisation de ses ressources, etc. Tout ceci l’aidera à canaliser sa réflexion sur ses tâches plutôt que sur le reste.
Le vrai challenge pour vous, c’est d’éviter autant que possible toute pression inutile. Tout comme le joueur réfléchi peut suivre le pire chemin dans la précipitation induite par les autres joueurs, le collaborateur réfléchi pourrait complètement échouer une mission qui avait pourtant toutes les chances de réussir entre ses mains justes parce que vous pensiez qu’il fallait mettre la pression !
N’oubliez pas notre dernier article : l’impatient va complètement dérailler face au réfléchi ! Comme on l’a vu, évitez autant que possible de former des duos avec ces deux types de collaborateurs… Et si ce n’est pas possible, donnez-leur à chacun un rôle et un espace d’intervention délimité : l’impatient gèrera les urgences et les ajustements, le réfléchi s’occupera des tâches de fonds.
Les autres stéréotypes
Nous prolongerons cette série d’articles avec d’autres stéréotypes de joueurs. La prochaine fois, on s’attaquera du coup aux psychorigides…
Retrouvez tous nos articles sur les stéréotypes ici.
A bientôt !